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  • Georges LEQUERRE

L'entreprise peut-elle être un accélérateur de la transition énergétique ?

Croissance et transition énergétique sont-elles nécessairement opposées ? Pour se développer, une entreprise utilise de l’énergie carbonée afin d’accroître sa production, la richesse de ses salariés, des consommateurs et des actionnaires. De cette façon, notre modèle de société a engendré de nombreuses externalités négatives à l’origine du réchauffement climatique qui aujourd’hui menace notre planète. Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) tire la sonnette d’alarme, protestant contre notre modèle de production et pointant du doigt l’insuffisance des actions gouvernementales et des industriels. Il existe donc bien une contradiction fondamentale entre croissance et écologie. Depuis quelques années, la société prend conscience des conséquences du réchauffement climatique sur l’environnement et notre santé. De plus en plus d’actions citoyennes sont organisées à travers le monde pour alerter les dirigeants politiques de la nécessité d’agir. À l’image de Greta Thunberg qui, lors de son intervention devant les membres de l’ONU, a mis en évidence l’inaction des gouvernements et des acteurs privés.

Bonne nouvelle : la contradiction entre croissance et respect de l’environnement peut être dépassée.


Les entreprises sont une partie importante de la solution aux problématiques environnementales. Il est nécessaire aujourd’hui pour elles de repenser leur modèle organisationnel, de croître et de se transformer.


Comment la transformation des entreprises peut-elle être un le vier pour la transition énergétique ? La réponse pourrait se trouver dans le sens et la raison d’être.

La loi PACTE, plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises, pousse ces dernières à se transformer pour améliorer leur compétitivité. Des études ont démontré qu’il serait nécessaire d’investir chaque année l’équivalent de 2,5% du PIB mondial, soit 2400 milliards d’euros pour espérer transformer les systèmes énergétiques (utilisation massive des énergies renouvelables, fin de l’utilisation du charbon, baisse de la demande d’énergie, augmentation de l’efficacité énergétique). Il est donc nécessaire de générer de la valeur pour y parvenir et cela n’est pas forcément synonyme de dépense énergétique massive. Cela peut passer par le biais d’une volonté, d’un engagement de la part des entreprises de vouloir faire mieux avec moins. Cette philosophie pourrait s’approcher du Lean Management mais cela va plus loin. En travaillant sur sa raison d’être, une entreprise rentre dans un processus long et complexe qui la pousse à repenser le sens de ses actions et leurs impacts sur la société. En tant qu’acteur à part entière de notre société, elle a un véritable rôle à jouer en faveur de la transition énergétique. De nombreuses organisations ont réalisé cet exercice, et ont exprimé publiquement leur volonté d’agir, de s’engager dans la durée pour la préservation et la sauvegarde de notre environnement.


Raison d’être : il faut lier la parole aux actes !

En plus de permettre aux entreprises d’inclure dans leurs principes d’actions la préservation de l’environnement, la loi PACTE propose d’autres moyens pour favoriser la transition énergétique. Tout d’abord un constat : de nos jours, l’épargne des salariés est peu voire pas du tout valorisée et investie. Le gouvernement a alors décidé de faire des fonds d’épargne retraite et des fonds d’assurance vie des leviers de la transition énergétique. Ces différents placements financiers permettront à l’avenir de financer des projets qui luttent quotidiennement contre le réchauffement climatique.

Première société d’assurances mutuelles en France, la MAIF est la première entreprise à montrer l’exemple. En tant que première entreprise à mission, elle a décidé de s’associer à AKUO Energy et de créer un fonds d’investissement encourageant les épargnants à s’inscrire dans un mouvement de finance durable et responsable. Ce fonds, intitulé « MAIF Transition » et à hauteur de 50 millions d’euros, promeut la transition énergétique et écologique. Son ambition : financer, dans chacun des départements français, un projet destiné à l’ensemble des filières agricoles et favoriser l’émergence de projets innovants. L’objectif pour les exploitants agricoles est, à travers la production d’énergie renouvelable, de financer leur transition vers une agriculture biologique en réponse à une demande forte de la part des consommateurs et de s’inscrire dans un projet viable à long terme. Cette action ne tient pas du greenwashing pour l’assureur mais bien de l’investissement réfléchi et engagé puisque la MAIF projette d’investir jusqu’à 400 millions d’euros d’ici 2022 avec une rentabilité escomptée à 5% assurée grâce à la production solaire. Mais le bénéfice n’est pas seulement financier puisque le projet devrait permettre la création d’emplois dans les régions concernées par le programme et favoriser la redynamisation du territoire français.


Autoconsommation collective : un pas en avant

Pour aller encore plus loin dans la logique d’entreprise responsable au sein de la société, pourquoi ne pourrait-elle être aussi un acteur de la transformation de notre mix énergétique ? Beaucoup d’espaces comme des parkings, des usines ou des entrepôts sont « inexploités », et très énergivores. En effet, transformer les toitures de ces lieux en centrale photovoltaïque, par exemple, permettrait a minima de réduire leur impact énergétique sur le réseau mais aussi permettre à des acteurs limitrophes de consommer une énergie propre et produite localement. Cette idée peut séduire, cependant cela relève encore majoritairement de la fiction pour plusieurs raisons. Pour une raison économique, car l’électricité produite dans ce contexte a un coût aujourd’hui bien trop élevé pour avoir un intérêt à être consommé localement au lieu d’être réinjectée dans le réseau. Toutefois, d’ici quelques années cette tendance devrait diminuer. La loi PACTE inscrit l’autoconsommation collective dans la durée et permet de revoir les caractéristiques d’application du péage d’accès au réseau. Le Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Electricité (TURPE) qui limitait par son coût la possibilité pour certains industriels d’injecter sur le réseau leur production.


Mais la barrière première est surtout culturelle : depuis les années 60, l’énergie est considérée comme un « droit » et son prix n’est pas le reflet exact de son coût réel.

Avec le réchauffement climatique et le tarissement des énergies fossiles, le prix de l’énergie augmente et le consommateur s’interroge de plus en plus sur son origine.

Dans ce contexte on voit apparaître sur le marché de nouvelles offres proposant de l’énergie 100% Verte et « Origine Garantie France ». C’est le signe de l’amorce du changement culturel nécessaire au développement de l’autoconsommation collective. Cela permettrait demain de consommer une énergie verte et locale produite par l’usine ou la PME du coin de la rue, payée à un prix somme tout plus élevé mais reflétant sa véritable valeur humaine, environnement et sociétale. L’enjeu est donc double pour les entreprises : se transformer pour assurer la pérennisation de leur performance, mais aussi devenir un acteur à part entière de la transition énergétique.



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