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  • Loïc Lamarlèle et Julien Grandchamp

L’industrie pharmaceutique et la société à mission


Alors que fleurissent les raisons d’être dans les organisations et que de plus en plus d’entreprises expriment leur rapport au monde et leur apport à la société au travers d’une mission, le relatif silence du secteur pharmaceutique sur ce champ (secteur chez qui cet élan devrait spontanément résonner) a de quoi surprendre.

En effet, de prime abord il peut apparaitre étonnant que les entreprises du médicament ne se soient pas, parmi les premières, inscrites dans cette dynamique. Par contraste, qu’un Danone devienne société à mission pour apporter la santé par l'alimentation au plus grand nombre met en lumière la discrétion, voire la frilosité, des laboratoires à s’engager sur cette voie.


Au-delà du caractère fédérateur d’une raison d’être pour les collaborateurs (attraction, rétention), et de l’impact positif en termes de réputation, quel potentiel et quelle résonance en termes de stratégie, d’innovation et de capacité à engager durablement les parties-prenantes dans l’industrie pharmaceutique ?

Une tension fondamentale

Commençons par rappeler que ce secteur occupe une position symbolique très particulière.

Côté face, comme peu d’autres industries peuvent s’en vanter, les bienfaits qu’elle prodigue sont évidents et il faut ne pas avoir été confronté à la maladie pour nier l’apport au monde de cet arsenal thérapeutique sans lequel nos soignants d’aujourd’hui ne feraient pas bien mieux que la médecine d’après-guerre. Ainsi pour la majorité des laboratoires la mission se formule spontanément, à de légères variations près, sous deux versions génériques : « sauver des vies » et « donner accès aux meilleures innovations thérapeutiques ». Et cela est très juste. A cet égard on peut comprendre que la dynamique volontariste des entreprises à mission puisse apparaitre très superflue aux yeux d’un secteur qui se sait intrinsèquement porteur d’une charge noble et essentielle.

Côté pile pourtant, les critiques auxquelles l’industrie est régulièrement confrontée, rappellent précisément sa nature industrielle et pour tout dire mercantile. Il faut bien entendu faire le tri entre les polémiques peu fondées et les scandales éthiques véritables, mais dans les deux cas il y a un élément commun, ce tabou essentiel de la marchandisation de la santé. Peut-être particulièrement en France (?) avons-nous une difficulté à concilier cette idée de soigner et l’idée d’en tirer du profit. Et tout l’argumentaire, pourtant légitime, sur le coût de la recherche et le nécessaire investissement pour faire progresser la science et inventer les remèdes de demain, peine à dissoudre cette discordance.

Jusque dans les laboratoires les plus éthiques on retrouve cette tension plus ou moins inconsciente entre la fierté d’apporter au monde des traitements efficaces et la culpabilité de devoir en faire commerce, c’est-à-dire d’en faire la promotion, de convaincre des prescripteurs, de défendre un prix etc. Et c’est là peut-être la deuxième raison qui explique la prudence de nos laboratoires : il semble a priori difficile de cheminer vers l’entreprise à mission sans avoir résolu cette tension fondamentale pour soi et dans sa relation à la société.

Une opportunité de résolution

Or, selon nous ce cheminement offre précisément une voie de résolution très fertile. Formuler une raison d’être solide, qui peut devenir mission au sens de « société à mission » (cf. Loi Pacte), invite précisément à trouver un chemin vertueux conciliant le sens et l’impact sociétal d’une part, et la profitabilité d’autre part.

Nous sommes convaincus chez Balthazar que seules ont un avenir les entreprises qui sauront penser leur place et leur contribution au sein d’un écosystème symbiotique. Et il y a fort à parier que les parties-prenantes cette industrie si particulière, ne comprendraient pas que celle-ci laisse passer le train. Les laboratoires doivent saisir cette chance, c’est-à-dire formuler et incarner une raison d’être véritable : singulière, audacieuse et congruente.




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